SE LIBERER DES LIENS TOXIQUES ET OSER ETRE SOI |
"Toute ma vie j’ai eu à souffrir de ce lien ambivalent à mon père. Tout était sujet à raillerie. Un jour, il est parti ailleurs, refaire sa vie, sans se retourner. Je l’avais aimé, mais tellement haï aussi pour toutes ses moqueries et son brusque départ. Avec sa mort, je pensais être libérée de son emprise, je n’avais plus à gagner son approbation, pourtant, son regard désapprobateur me poursuit et je me sens toujours coupable et hors de moi", déclare Anabelle qui, inconsciemment, reporte toute sa colère sur son conjoint.
Pour se défaire de liens toxiques, il est nécessaire d’apprendre à dépasser tout ce qui infériorise, empoisonne et fragilise et comprendre que nous ne sommes plus la petite fille ou le petit garçon sans défense.
Apprendre à « grandir » pour sortir de cette dépendance et se convaincre de sa propre valeur sont les priorités à se fixer lors d’un travail thérapeutique.
Une personne dépendante nie ses émotions et ses besoins. Pour parvenir à retrouver son identité réelle, il importe de la guider dans la recherche de solutions personnelles pour se faire confiance, prendre sa place dans la relation, s'exprimer et se faire respecter.
Des exercices de sophrologie, d’auto-hypnose, de méditation pleine conscience et de cohérence cardiaque permettront d’être davantage en contact avec son corps, de baisser la garde, de se mettre à l’écoute de soi et de ses émotions..
En comportemental, en tenant un journal des émotions, Annabelle a pu repérer qu'elle se trompait de cible en déchargeant sa colère sur son époux.
Tenir un journal pour y épancher ses états d’âme génère de plus un apaisement psychologique à l’origine d’une amélioration.
Lorsqu’on est maintenu dans un processus de survie, on n’est nullement préoccupé par sa croissance personnelle ou par son plaisir. Il est donc essentiel d'apaiser ses besoins de base afin d’être disponible pour en satisfaire d’autres, plus élevés.
Voici un exercice susceptible de pointer nos besoins de base :
• Installez-vous confortablement et détendez-vous. Prenez deux trois grandes respirations. Que souhaitez-vous précisément en ce moment ? Que vous apporterait la réalisation de ce souhait ? Réfléchissez et notez vos réponses dans votre journal de bord.
Exemple de réponse : Partir sur une île déserte ! Enfin, je pourrais être tranquille, souffler, me reposer…
• Identifiez à quel besoin ce souhait répond.
Dans l’exemple donné, le besoin de repos semble manifeste. Lorsque nous cernons le besoin réel, il nous appartient de le satisfaire pour rétablir l’équilibre. Or, nous attendons souvent qu’un autre vienne suppléer à tous nos manques.
Le pouvoir d’être se fonde aussi sur sa capacité à jouir d’une vie intérieure plus sereine. Grâce à cette sécurité puisée au fond de soi, il est possible de troquer la peur et la colère ou toute émotion contre la confiance et l’assurance, de croire en sa propre aptitude à réussir et ainsi de faire preuve de plus d’autonomie et d’initiative.
Nous ne sommes pas obligés de subir notre histoire. Nous pouvons, au contraire, mieux la comprendre pour mieux la vivre et la faire évoluer selon nos choix.
Chacun de nous est unique et libre, à condition de comprendre ce qui nous motive profondément.
Je travaille avec des patients qui, après de nombreuses années découvrent qu’ils peuvent répondre différemment à leur demande d’amour, de soin, de sécurité et de protection, qu’ils sont capables d’orienter leurs choix et le cours de leur vie et ce, quel que soit leur âge.
C’est en affrontant leurs émotions et leur sentiment de vide intérieur qu’ils ont appris à explorer des capacités insoupçonnées. Ils se reconnaissent enfin le droit d’exister, de dire et de se donner des signes de reconnaissance et d'amour, sans avoir à dépendre aveuglément d’autrui. Ils ont ainsi pu guérir de leur compulsion à aimer éperdument.
* Par Michèle Freud, psychothérapeute, auteure, directrice de Michèle Freud Formations
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