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chronique donner du sens à sa vie  

DONNER DU SENS À SA VIE


 


Nombreux sont les exemples et recherches illustrant combien le sens que nous donnons à notre vie influence favorablement notre santé mentale et physique. D’après la conclusion d’une étude menée à l’Université de Michigan, sur près de 7 000 adultes, la perception d'un sens dans l'existence aurait un profond impact sur notre quotidien.

 

Comment donner du sens à sa vie ?

La réponse à cette quête peut varier d’une personne à l’autre, voire chez la même personne, à différents moments de sa vie. Donner du sens à sa vie, c’est opter pour la construction d’une vie qui nous corresponde, c’est avoir la certitude d’agir pour le mieux, en accord avec ses propres valeurs.

Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, de l’Université de Claremont en Californie, s’est intéressé à ce qu’il nomme les moments d’"expérience optimale". Il a centré ses recherches sur des êtres ayant un niveau élevé de mobilisation pour des actions précises (explorateurs, sportifs de haut niveau, joueurs d’échec, compositeurs de musique, etc.). Cet état appelé "flow", expérience où corps et esprit sont mobilisés dans un effort volontaire en vue d’une tâche particulière crée un état de grand bien être et renforce la structure de soi. Les convictions et les valeurs personnelles, la philosophie, l’art, l’action, l’amour, le travail, l’engagement sont autant d’actes ou de façons aboutissant à un dépassement de soi.

Une quête tridimensionnelle

Les enquêtes menées sur ce thème montrent que nous donnons du sens essentiellement à travers trois dimensions :

1. Une dimension affective et relationnelle

Karen de Vogler et Peter Ebersole, psychologues, ont mené avec leurs collègues une série de recherches sur les facettes de l’existence lui donnant du sens. Les relations interpersonnelles sont le plus souvent citées. Celles-ci jouent en effet un rôle essentiel dans l’équilibre psychologique et sont une source principale de sens. Le sentiment d’appartenance et de liens est nécessaire à l’épanouissement et au sentiment de sa valeur personnelle. Les personnes qui en jouissent trouvent leur vie plus satisfaisante ; elles sont moins sujettes aux insomnies, à la dépression et supportent mieux les coups du sort.
Nous avons tous la faculté de trouver comment nous engager dans des relations harmonieuses.

2. Une dimension cognitive

Les arts, les sciences, la culture sous toutes ses formes, sont des sources d’enrichissement. Il est possible d’y puiser l’élan pour se nourrir et s’épanouir, et ce, quel que soit l’âge.
Certains trouvent ce sens et réussissent leur vie en transmettant le fruit de leur savoir en enseignant, d'autres en soignant, créant, innovant, ou inventant.
Pour Auguste Rodin, « l’art est la plus sublime mission de l’homme. C’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre. »
Éric-Emmanuel Schmitt, auteur, narre comment la découverte de la musique de Mozart l’a guéri de son mal de vivre et lui a donné la certitude que la vie pouvait avoir un sens.
À 87 ans, Hubert Reeves, astrophysicien, confiait récemment : « J’aime apprendre des autres et surtout apprendre aux autres, à mes enfants, petits- enfants … »
Cultiver la curiosité et ce, à tout âge de la vie, élargir son horizon, découvrir de nouvelles voies d’expression, de pensées, laisser libre cours à sa créativité (musique, écriture, peinture, sculpture, etc…) sont les moyens les plus efficaces pour se maintenir dans le souffle de la vie et la dynamique du désir.

3. Une dimension comportementale

Chaque jour, j’ai essayé de m’inventer un enthousiasme nouveau pour le lendemain matin, confie Paul Émile Victor, explorateur polaire. Une vie remplie de sens c’est, pour ceux interrogés, s’engager dans une activité, quelle qu’elle soit, accepter une mission, réaliser une performance, prendre intérêt et plaisir à ce que l’on réalise, être l’acteur vedette de sa vie et non le figurant, la choisir et non la subir.

Donner du sens à sa vie c’est aussi prodiguer une aide à autrui. Se sentir utile est un moyen de relativiser ses tracas et peut répondre à une aspiration profonde basée sur ses propres valeurs.

Sylvie, endeuillée par la disparition brutale de son mari a repris goût à la vie en devenant bénévole dans une association caritative.
Lisa a cessé ses compulsions alimentaires depuis qu’elle s’est inscrite aux cours d’art dramatique.
Cécile, lors de sa thérapie personnelle, a décidé de devenir elle-même praticienne grâce au lien tissé avec sa thérapeute à laquelle elle a pu s’identifier. « Maintenant que je me suis réparée, je peux enfin sublimer ma vie et aider les autres à se réparer » dit-elle.
Tous engagées dans l’action, ont trouvé un sens à leur vie. C’est à travers ce que vous faites que ce que vous êtes se fera voir, nous enseigne Carl G. Jung.

Nombreuses sont les personnes à avoir vécu des événements traumatiques. Elles ont su, même si quelques blessures restent sensibles, se montrer expertes dans leur capacités à rebondir et à donner du sens à leur existence.
Antoine Leiris, journaliste, a perdu son épouse au Bataclan un soir du 13 novembre 2015 et se retrouve seul avec son petit garçon. Comment se construire un avenir après un tel drame ? Qu’est-ce que la vie, après un cataclysme de cette ampleur ? Après son premier livre, Vous n’aurez pas ma haine, il publie un second opus : La vie après. « Le deuil, quatre ans après, a toujours la même forme, mais il revient moins souvent. C’est l’avantage du temps qui passe. J'ai attendu de nous savoir solides, mon fils et moi, pour reprendre la plume et publier ce nouveau roman. J'ai tenté de consigner les mues, cette écume du changement, depuis la perte de tous les repères jusqu'à cet instant où le ciel se dégage presque d'un coup. C'est là que vient la vie, après » relate-t-il lors d’un interview.

La vie est jalonnée d’événements qui nous obligent à faire des choix, à nous remettre en question. Rien n’est jamais acquis.
Des espoirs qui s’envolent, des rêves qui s’effondrent, des difficultés à surmonter, il y en aura toujours. Sans cesse, nous combattons d’innombrables peurs, mais c’est précisément dans la confrontation avec le quotidien que nous mesurons notre force d’âme. C’est lors de ces épreuves que nous trouvons en nous des ressources insoupçonnées et le courage nécessaire pour nous adapter, nous en sortir et grandir.

Nous évoquons avec nostalgie pour la plupart d’entre nous des occasions loupées, des aubaines manquées, des projets avortés, tout ce qui aurait pu être….et n’a pas été. Et si le réveil c’était maintenant ?

Dans son ouvrage, Les 5 regrets des personnes en fin de vie, Bronie Ware, œuvrant en soins palliatifs a souhaité partager le témoignage des patients accompagnés durant leurs dernières semaines, avec lesquels elle a tissé des liens profond. Voici les 5 plus grands regrets que chacun citait :

  1. Avoir eu le courage de vivre la vie que je voulais vraiment, pas celle que les autres attendaient de moi
  2. Travailler moins
  3. Avoir le courage d'exprimer mes sentiments
  4. Garder le contact avec mes amis
  5. M'accorder un peu plus de bonheur.

À travers une réflexion globale et profonde, l’auteur nous amène à réfléchir à ce qui est essentiel pour soi.
Sans être arrivés au terme de notre vie, sans doute, sommes-nous nombreux à nous identifier dans ces regrets cités.
Comptons sur notre potentiel et nos ressources pour nous ouvrir à des expériences nouvelles et agir positivement sur le cours des événements. Dans ce domaine, heureusement, rien n’est immuable, nous sommes en perpétuelle évolution. Il suffit d’ouvrir les yeux, d’être en éveil, de cultiver la patienc, trouver au bon moment la bonne voie et le bon virage à prendre.

Pour moi, écrit Tolstoï, "je répands dans mes écrits, non de vaines paroles, mais cela même qui fait toute ma vie, tout mon bonheur, et qui m’accompagnera toute ma vie."

À chacun sa voie pour atteindre sa vérité, réaliser ses désirs et ses rêves.

 

* Par Michèle Freud, psychothérapeute, directrice de Michèle Freud Formations

Liste de ses ouvrages

 

 

Bibliographie :
Donner un sens à sa vie, J. Lecomte, Poches Odile Jacob, 2013.
Ma vie avec Mozart, Éric-Emmanuel Schmitt, Éd Albin Michel
Du sens de la vie, Tolstoï, La Bibliothèque Digitale, 2013



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