Nathalie Sabouret
LE FIGARO.- Au début de votre livre, vous citez votre arrière grand-père Sigmund Freud " Nous sommes tous des névrosés disait-il. Vous ajoutez : " Aujourd'hui on voit poindre une nouvelle maladie, la névrose alimentaire ". Comment la définissez-vous ?
Michèle FREUD.- Pour la plupart des individus, surtout les femmes, manger c'est grossir. C' est une obsession et le désir de manger est sanctionné par une charte restrictive du diététiquement correct. Les gens font l'apologie des aliments maigres et bannissent ceux qui sont jugés nocifs comme le chocolat, les pâtisseries, ect. Des diktats et des frustrations qui engendrent souffrance, culpabilité et finalement échec des régimes.
LE FIGARO- Vous dites que " mincir de plaisir " est devenu le slogan des centres de thalassothérapie, comment le mettent-ils en pratique ?
Michèle FREUD.- Sur ces sites privilégiés où l'on vous prend en charge totalement, on apprend à se recentrer sur soi et sur le contentement des sens. Le curiste est dans un état de régression et retrouve ce que Freud nommait " le principe de plaisir " de l'enfance, axé sur l'apaisement des besoins essentiels, le stade des " nourritures affectives " que décrit aussi Boris Cyrulnik, psychiatre. Les chefs de cuisine réapprennent aux curistes l'art de déguster des mets allégés, en sollicitant tous les sens, sans bannir la gourmandise.
Cela permet un nouvel apprentissage de la nourriture qu'on prend le temps de savourer sans culpabilité
On mange dans l'acte conscient du plaisir pour être en harmonie avec soi-même, dans une quête du mieux-être "
Le Figaro du 10/5/2003